La Cour d’appel militaire de Tunis a rendu, le 12 avril 2014, ses verdicts dans les trois procès des martyrs et des blessés de Thala et Kasserine, du Grand Tunis et de Sfax. Les peines prononcées en première instance à l’égard des hauts responsables politiques et sécuritaires du régime de Ben Ali sont, sans surprise, loin d’être « justes ».
Les familles de martyrs et les blessés de la révolution tunisienne se sont sentis trahis et ont vu leurs droits bafoués, face à une réduction massive de peine pour les responsables de la répression meurtrière qui s’était abattue contre les manifestants lors du soulèvement contre le régime de Ben Ali il y a 3 ans.
En effet, Ali Seriati, ancien directeur de la garde présidentielle de Ben Ali, Lotfi Zouaoui, l’ex-directeur général de la sûreté publique, Adel Touiri, directeur général de la sûreté nationale, le brigadier Jalel Boudriga, ex-directeur général des unités d’intervention, et Rachid Abid, ex-directeur général des unités spécialisées, ont été condamnés à trois ans de prison seulement, peines qu’ils ont déjà purgé – ils ont donc été libérés. Quant à l’ancien ministre de l’Intérieur Rafik Haj Kacem, il a été condamné lui aussi à trois ans de prison et sera libéré le mois prochain.
Quelques familles de martyrs et des blessés ont entamé une grève de la faim à la Place des Droits de l’homme. Elles sont soutenues par d’autres familles restées à Kasserine. Mohamed Ben Aoun, un blessé originaire de Douz (frère du martyre Riadh Ben Aoun tombé le 24/12/2010), s’est entretenu avec des militants du groupe sympathisant du CIO en Tunisie. Il estime que les peines prononcées s’apparentent à un verdict politique, un avis à vrai dire partagé par tout le monde.
L’une de leur revendication les plus urgentes est l’annulation des jugements qui ont été prononcés, ainsi que le transfert immédiat des procès au tribunal civil. Ils réclament aussi l’interdiction de voyage à tous les accusés en attendant les prochains procès.
A l’image de ce qui se passe en Egypte, la justice militaire tunisienne produit des verdicts sur mesure pour couvrir les exactions des hauts-placés de l’ancien régime, au même moment ou de nombreux activistes révolutionnaires à travers le pays sont victimes d’une répression accrue, faites d’arrestations arbitraires et de procès érigés à partir de fausses accusations.
Le CIO et ses sympathisants en Tunisie exprime leur entière solidarité avec les familles des martyrs et des blessés de la révolution, dénonce la politique de clémence à l’égard des meurtriers, ainsi que les méthodes humiliantes de répression et d’intimidation à l’égard des victimes et de leurs familles, et des activistes révolutionnaires au sens large.
Nous appelons à la solidarité internationale face à ce jugement, ainsi qu’à la mobilisation active en Tunisie pour contrecarrer ce verdict d’une justice travestie.
Vous pouvez envoyer des lettres de protestation au Ministère de la Justice: mju@ministeres.tn, et de la Défense : defcab@defense.tn
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